Oui lecteur, aujourd’hui, avant même de te saluer et de te souhaiter la bienvenue sur ce blog, je tiens à te faire savoir que très certainement, si le courage est là, je vais entreprendre une sorte de saga onirique autour des Martines…
Généralement après une telle entrée en matière, la première question est toujours « mais pourquoi ? » [des trémolos dans la voix et le regard brillant et humide… Euh, là, j’me disperse, désolé].
Tout simplement parce qu’un seul article sur Martine ne peut suffire, parce que chaque jour, mes Martines (eh ouais, moi j'ai la chance d’en avoir plusieurs autour de moi !) me font des trucs hallucinant qui réveillent en moi l’inspiration. Voila pourquoi donc une saga. Et sur ce, commençons…
Bonjour donc ami lecteur ! Comme tu as pu le deviner d’après le titre de ce billet, le thème du jour porte sur le « téléphone ». Tu sais, cette petite chose qui déforme les poches de tes vestes, pantalons et manteaux ou alors te pousse à te promener avec une jolie sacoche Louis Vuitton en bandoulière…
Et par téléphone, je veux bien entendu parler du téléphone fixe que certains des plus jeunes d’entre toi ne doivent pas connaître (eh oui, il y a eu une époque bénie où personne n’avait de fil à la patte en permanence, mais là n’est pas la question).
Pour les Martines, le téléphone est une sorte de totem, de sextoy, de prolongement de leur corps. C’est bien simple, si on lançait une étude sur les Martines et le téléphone, je suis certains que plusieurs boites de biotechnologies chercheraient à comprendre comment elles ont réussi à si bien fusionner leur corps avec du vulgaire plastique.
Je suis prêt à parier que tu te disais naïvement que toutes ces heures passées au téléphone devaient bien avoir une vertu professionnelle pour la boite. Et un jour, lecteur, tu as eu le courage de lever le voile et de t’approcher suffisamment de ta Martine pour voir ce qui se disait tout au long de ces conversations au cours desquelles, si tu as l’outrecuidance de pénétrer dans son bureau, tu te fais accueillir au mieux par un geste agacé t’intimant l’ordre de virer tes fesses et repasser plus tard et au pire, te prendre l’agrafeuse dans la gueule (tu sais, la bien grosse pour agrafer les gros documents avec le pied en fonte…).
J’ai le « privilège » de partager mon bureau avec une Martine, une vraie de vraie, une bête à concours si je puis dire. À la fin de son premier mois, notre chef, Couille-molle 1er, n’a pas pu faire autrement que de laisser son propre chef rappeler à l’ordre Martine qui avait explosé dans les très grandes largeurs le quota de l’indécence.
Alors, suite à cette agression hiérarchique infâme, elle a décidé de réagir ! Elle demande à ses copines Martines qu’elle appelait de l’appeler elle maintenant. La vie, c’est parfois simple comme un coup de fil ne disait-on pas à une certaine époque ?
Je sais que certains d’entre toi diront que j'en fais des tonnes et que ça ne mérite pas un texte aussi long et je veux bien me ranger à ton avis s’il n’y avait pas toute la conséquence de ses appels intempestifs… À savoir, un téléphone qui sonne toutes les 5 minutes, la joie de profiter des conversations intimes de ma Martine avec son mari, ses enfants, petits enfants, copines, parents. Pour bien te rendre compte de ce que je vis, lecteur, voici un descriptif d’une journée type. Profite, c’est gratuit et toi, ce ne sera qu'une seule fois dans ta vie, moi c'est tous les jours !
Arrivée entre 8 et 9 heures, systématiquement au téléphone (portable celui-là) avec un de ses gosses. Pour info, ils ont presque mon âge et pourtant moi je ne passe pas ma vie avec mes parents au téléphone, allez comprendre… Durée de la fin de la communication (qui a commencé en voiture, sinon c’est pas drôle !) : 10 à 20 minutes.
Suis forcément le café avec les copines (les fameuses autres Martines dont j’ai déjà évoqué l’existence). Durée : dans tous les cas, ça ne finit jamais avant au moins 9h30-45 sinon, c’est pas une vraie pause (???) café.
Une fois qu’elle daigne réintégrer notre bureau, vite, vite, appeler son mec pour savoir si depuis qu’il l’a déposé devant l’entrée du bâtiment à peine une heure avant, il a vécu des choses folles !!! Personnellement, je mets plutôt ça sur le compte de la paranoïa et du besoin maladif de contrôle des Martines qui ne supportent pas de ne pas pouvoir mener leur petit monde à la baguette, tu sais lecteur, un peu comme ces petits chiens roquets type Yorkshire ou équivalent. Bref, elle le passe à la Question pendant bien 10-15 minutes.
Après ça – mince ! – faut appeler les copains pour organiser le week-end. Et là, c’est une heure minimum de valse téléphonique, entre appels entrants et sortants (sur ligne professionnelle fixe et portable privé, parfois les deux en même temps !), pour savoir qui fait quoi, qui ramène quoi et qui et ou chacun dort et comment on fait, etc.
Même si cette valse me fait royalement chier, surtout lorsque j’ai besoin d’un peu de calme pour me concentrer sur mon boulot (parce que oui, je bosse à côté moi !!!), tu noteras l'esprit particulièrement précis de la Martine et son souci extrême du détail (ou plus communément appelé son besoin maladif de contrôle) allant jusqu’à refaire une trentaine de fois une simulation téléphonique du parcours de chacun entre leur départ de chez eux et le moment où ils se retrouveront (et quand j’ai pas de bol, ça va même jusqu’au descriptif de tout ce qu’ils vont faire pendant leur week-end… Au moins, ça me servira pour plus tard, quand je serai vieux comme elle, je saurai quoi faire de mes week-ends… Cool hein ?). Petite précision, Martine parle fort dans son téléphone, parce que malgré sa maîtrise apparente de la technologie, je la soupçonne de croire qu’il est nécessaire de hurler dans le combiné, surtout quand les gens sont loin. Un pur bonheur.
Une fois cette étape terminée, le téléphone a envie de se suicider… Non, j’déconne ! Encore que… Enfin bref ! Ma Martine se dit qu’il serait temps de bosser un peu. Elle choisi donc un dossier – bruyamment – l’ouvre, le parcours, le lis (à voix haute pour donner plus d’effets à sa représentation), commence à taper frénétiquement sur son clavier d’ordinateur avant de se tourner vers moi pour me demander comment insérer un smiley dans un mail. Là, je dois te l’avouer, ami lecteur, la curiosité est trop forte et je me penche pour faire moi-même la manœuvre et ainsi découvrir, complètement blasé, qu’elle ne bosse toujours mais continue l’organisation de son week-end par mail !
Après 20 minutes, elle soupire bruyamment, râle un coup (pour la forme) et décrète qu’elle en a assez fait sur ce dossier, qu’elle n’y arrive pas et, SURTOUT, qu’elle a vraiment besoin d’une pause café ! Normal, il est aux alentours de 11 heures et l’heure de la pause méridienne approche à grands pas. Faut donc commencer à lever le pied doucement pour pas se retrouver couper violemment en plein élan de travail et risquer un claquage de neurone.
C’est ainsi qu’à 11h15, elle reprend son téléphone professionnel pour rappeler son mec et fixer avec lui comment ils font pour se retrouver ce midi pour manger chez eux (??? y a des trucs que je ne comprends vraiment pas du tout parfois). Ça dure 5 bonnes minutes et dans les 10 minutes suivantes, elle se tire pour aller retrouver son chevalier servant. C'est généralement là, que je peux bosser le mieux puisque c'est presque calme (si on fait abstraction aux 53 fois où son téléphone fixe sonne, et les 15 000 autres Martines qui défilent en me demandant si elle est encore là ou pas – son bureau est rangé comme si elle partait pour toujours, y a plus une seule de ses affaires qui jonchent d’habitude le sol et tout ce qui peut accueillir son merdier et surtout, elle a du le leur dire pendant leurs pauses café du matin !!!. Comme ambiance de travail y a mieux…).
14h, c’est l’heure où, dans notre boite, on reprend le boulot… Pas forcément pour Martine, qui, elle, doit avoir une dérogation spéciale pour arriver un peu quand elle le veut. Mais passons.
L’après midi est un simple copié collé de la matinée. Elle arrive en téléphonant à l’un de ses gosses – ou son mec s’il a vraiment pas été suffisamment convaincant quant au fait qu’il lui était totalement soumis et dévoué comme un petit chien. Des fois, j'ai mal pour lui – puis va prendre son café avec le gang des Martines, puis revient, assure la thérapie de l’une de ses copines dépressives qui risque de se faire larguer par son petit copain.
Monique, 55 ans, divorcée depuis bientôt 20 ans parce que son mari à eu la présence d’esprit de virer la parasite qu’il avait fait l’erreur de choisir pour femme, n’ayant pas vu tout de suite le prototype qu’elle était, a redécouvert le goût de vivre grâce à Martine (qui ne se gêne pas de casser du sucre sur son dos dès qu’elle raccroche, faisant passer sa copine dépressive pour un boulet qui a tellement de chance de l'avoir ELLE !), a rencontré Rodrigo, un charmant brésilien de 22 ans, rencontré le week-end dernier dans la boite à partouzes de son village (lieu qu’elle fréquente sur les bons conseils de Martine « la libertine » alors qu’elle peine encore à se doucher sans ses sous vêtements) et qui sent qu’il prend ses distance depuis qu’ils se sont revus en plein jour.
Une fois la séance terminée, rebelote, ma Martine file rejoindre ses copines pour rapporter les derniers déboires de Monique, que toutes connaissent, en se faisant passer pour une sainte en plein exercice d’abnégation.
Et, cher lecteur, si tu as la malchance d’avoir un tel spécimen dans ton entourage professionnel et que tu as eu la présence d’esprit de t’en éloigner le plus possible (ce qui doit être forcément le cas puisque tu es ici en train de me lire), prends ton courage à deux mains et approches toi pour, au moins une fois dans ta vie, entendre de la bouche de ta Martine personnel ce genre de discours nauséabond.
Son retour marque la fin du concert de sonneries de téléphone dans le vide – Ben ouais, cette connasse de Monique et ses problèmes à la con ont empêché tout l'univers de Martine de rentrer en contact avec elle pendant au moins une heure !!! Sacrilège !!! Alors Martine, telle un fier soldat servant sa patrie, dégaine son combiné et entreprend de rappeler tout son monde pour un compte rendu exhaustif du cas Monique. Compte bien encore une heure.
Après ça, si le chef – Couille-molle 1er – n’a pas déjà fait sa cinquantaine d’incartade dans notre bureau pour faire le beau devant Martine – qui lui laisse vaguement espérer qu’il pourrait y avoir potentiellement peut-être un jour moyen de moyenner avec elle… Mais attention, faut qu’il soit très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très, très gentil – il se pointe et discute avec elle d’un pseudo dossier vraiment super urgent et extrêmement sensible qui réclame toute leur énergie et attention. À côté de ça, moi, je peux crever la bouche ouverte lorsque je dois engager la boite sur des dossiers qui pourraient impacter la santé financière de la boite… mais y a aucun soucis !!!
Quand la séance de « brainstorming » est terminée (comprenez que le chef est venu, a tenté de poser une problématique – alors qu’il est incapable de prendre de la hauteur et de sortir des détails – et ensuite Martine l’a regardé lui donner la réponse. Bilan, le chef a fait tout le boulot et moi j’ai dû subir toute cette mascarade !), le chef s’en va et ma Martine, épuisé par l’effort d’avoir observé son chef faire son boulot, va rejoindre son gang de Martines pour boire un café et rapporter les derniers potins.
Le reste de sa journée se résume à encore quelques coups de fils, à ses parents cette fois, pour savoir comment ils vont faire pour qu’elle récupère son clebs en pension chez eux. Là, lecteur, tu dois te dire que je suis tellement dedans que j’en viens à voir le mal partout… Les parents de ma Martine habitent à côté de chez elle, ils sont voisins.
La journée se termine, Martine, beugle qu’elle est épuisée, constate amèrement qu’elle a trop de boulot et qu’il va falloir qu’elle trouve une solution pour s’en sortir parce que c’est vraiment plus possible autant de pression.
L'emmerdeur